Chaque automne, les communautés bouddhistes Theravāda célèbrent Kathina, un moment de générosité joyeuse où les laïcs offrent des robes et des fournitures monastiques à la Saṅgha. Au-delà du textile, c’est une célébration de l’interdépendance : les moines et moniales consacrent leur vie à l’étude, à l’éthique et à la méditation ; les laïcs soutiennent ce chemin par un don libre et éthique. Voici un guide clair et respectueux pour comprendre l’histoire, le sens et la manière de participer sans faux pas.

Aux sources de Kathina : un tissu et une histoire
Dans les textes anciens, on raconte qu’après la retraite des pluies (Vassa), un groupe de moines, malgré la fatigue et les intempéries, rejoignit le Bouddha. Touché par leur discipline, il autorisa une cérémonie spéciale permettant d’offrir une robe cousue collectivement. Le nom Kathina viendrait du cadre de bois utilisé pour tendre l’étoffe pendant la couture.
Au fil des siècles, le rituel a gardé cet esprit : simplicité, coopération, gratitude. Aujourd’hui, Kathina demeure un pont vivant entre monastiques et laïcs.

Le sens du don : plus qu’un vêtement
Offrir une robe n’est pas un geste de charité mais une pratique : on cultive la générosité (dāna), on renforce la confiance et on soutient l’éthique monastique. Dans la logique bouddhiste, le don allège l’attachement, oriente l’esprit vers le bien commun et donne aux monastiques les conditions matérielles pour enseigner et méditer.
Côté laïc, participer à Kathina peut devenir un rituel de passage : poser une intention, remercier pour l’année écoulée, ouvrir la prochaine avec clarté et sobriété.
Déroulé type d’une journée de Kathina
Selon les pays et les temples, l’ordre varie, mais l’esprit reste le même : joie calme et respect.
- Offrande matinale : nourriture simple, fleurs, encens.
- Procession (parfois) : la robe est portée symboliquement vers la salle.
- Discours & partage : rappel du sens de Kathina, enseignement bref.
- Offrande de la robe : remise à la Saṅgha, qui la désigne pour un·e monastique.
- Chant de bénédiction et méditation courte.
- Temps communautaire : repas, échanges, remerciements.

Astuce : si vous êtes nouveau·elle, placez-vous près d’un bénévole ; suivez ses indications pour les salutations et l’ordre des gestes 🙏.
Participer avec justesse : l’étiquette essentielle
Le mot-clé est sobriété. On vient pour soutenir, pas pour se mettre en avant.
- Tenue : propre, modeste, confortable. Évitez les parfums forts.
- Attitude : téléphone en mode silencieux, déplacements lents, voix douce.
- Photo/vidéo : demandez toujours l’accord ; pas pendant les moments sacrés.
- Salutations : un geste des mains jointes suffit ; nul besoin d’exagérer.
- Don : discret, assumé. On donne ce qu’on peut — ni pression, ni ostentation.

Que peut-on offrir ? (et comment le faire bien)
Le cœur de Kathina, c’est la robe. Mais beaucoup de temples publient une liste utile. Privilégiez l’utile et l’éthique.
- Robes et tissus : étoffes adaptées aux usages du temple, couleurs acceptées localement.
- Fournitures : aiguilles, fil, ciseaux, épingles, ceintures de robe.
- Nécessaires : savon doux, rasoirs, pansements, lampes, piles, bougies.
- Soutien logistique : participation aux frais d’entretien, chauffage, bibliothèque.
Pour les dons financiers, demandez s’ils sont fléchés (ex. bibliothèque, réparations) ou non affectés (le temple répartit selon les besoins réels).
Kathina & pratique personnelle : tisser le sens 💫
Kathina peut devenir un marqueur spirituel dans l’année. Avant de partir :
- Formulez une intention simple : « Aujourd’hui j’offre de quoi protéger du froid et soutenir l’étude. »
- Ajoutez un geste de bienveillance : sourire, aide aux personnes âgées, service de salle.
- Après la cérémonie, prenez 10 minutes de silence pour déposer la gratitude.

Foire aux questions (FAQ express)
Dois-je déjà être bouddhiste pour participer ?
Non. Kathina est ouvert aux personnes de bonne volonté. Une présence respectueuse suffit.
Le don “compte-t-il” s’il est petit ?
Oui. Dans la voie du milieu, l’intention et la justesse priment sur le montant.
Puis-je offrir des objets artisanaux (tentures, tableaux, statues) ?
Demandez au responsable du temple : certaines offres sont temporaires (décor rituel), d’autres pérennes. L’important est la pertinence.
Y a-t-il un moment précis pour Kathina ?
Traditionnellement, après Vassa (fin de la retraite des pluies). La date exacte varie selon les calendriers et temples.
Erreurs fréquentes (et comment les éviter)
- Réduire Kathina à une collecte → c’est d’abord un enseignement vivant sur la générosité et l’interdépendance.
- Se comparer aux autres donateurs → le don est libre ; restez dans la joie sobre.
- Ignorer le protocole local → demandez, observez, imitez avec simplicité.
- Offrir sans se renseigner → une liste de besoins évite le gaspillage.

Pour aller plus loin : relier don et quotidien
Offrir un vêtement qui protège et réchauffe rappelle la bienveillance appliquée. Après Kathina, continuez :
- Tri de vos vêtements, don local (cohérence éthique).
- Une heure de bénévolat mensuel (bibliothèque, cantine du temple, association).
- Pratique de mettā (bienveillance) 5 minutes/jour — le don commence dans l’intention.

Le mot de la fin
Kathina nous enseigne une vérité simple : on se construit les uns par les autres. La robe offerte protège le corps qui médite ; l’enseignement reçu éclaire la vie qui travaille et élève des enfants. Dans cette écologie du don, chacun trouve sa place, sans emphase et sans manque.
« Offrir, c’est relier : un fil pour la robe, un fil pour le cœur, et soudain la communauté tient chaud. » — Maître Boubou, gardien des sourires et des espaces zen
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